n° 100 - 2019
Ecrire dans le Social
Très présent, très sollicité, l’acte d’écrire est une dimension essentielle et quotidienne du travail social. Mais le travailleur social se sent-il toujours à l’aise dans cet exercice qui engage, nécessite une certaine maitrise technique et une conscience du poids des mots ? Comment fait-il pour décrire au mieux les fragilités qu’il rencontre, sans dénuder les personnes de leur dignité ? Le n° 100 questionne la place de l’écrit dans le Social, les formes qu’il peut prendre, les contextes qui le conditionnent, les enjeux qu’il porte...
Éditorial
La thématique de ce centième numéro s’est imposée comme une évidence : l’écrit dans le social. Un titre qui réunit deux terrains d’action qui, chaque trimestre, mobilisent nos énergies, suscitent notre curiosité, confirment nos convictions à être, à exister comme revue, espace démocratique d’information et d’expression à usage des acteurs du Social à entendre au sens large.
L’Observatoire, qui, année après année, numéro après numéro, thématique après thématique, scrute le Social à travers les écrits des acteurs de terrain, souhaitait ici les convier à réfl’écrire à leurs écrits du quotidien. Quels sont ces écrits professionnels ? Pourquoi les travailleurs sociaux écrivent-ils ? Est-ce une obligation, une corvée administrative, un outil au cœur de leur pratique ? Quels sont les enjeux de l’écrit ? Avérés, sous-jacents, sous-estimés, sont-ils tous bien cernés ? Et, enfin, cet exercice de la mise en mots ne mérite-t-il pas davantage d’attention, de prise en main, de prise en conscience ?
De ce dossier, il ressort que les écrits professionnels représentent une dimension incontournable du travail social. Ce sont des enquêtes, des rapports, des compte-rendus d’entretien, des anamnèses, des notes de suivi, des cahiers de communication, des journaux de bord informatisés, des projets individualisés, des PV de réunion, des projets d’institution, des écrits collectifs, des argumentaires dans des dossiers de demande de subsides, des rapports d’activités quand il faut les justifier, et encore des courriers, des courriels, en interne, vers l’externe, à destination des bénéficiaires, ou encore de leur famille, ...
Toutefois, à y regarder de plus près, ces écrits, qui semblent tant aller de soi, posent parfois question. Pointons sans être exhaustifs : une certaine difficulté à écrire quand le pour qui et le pour quoi ne sont pas suffisamment clairs, quand le temps manque car écrire nécessite un temps long, une mise en pensée avant une mise en mots, et que ce temps n’est pas toujours prévu, reconnu ; un certain malaise parce qu’écrire, c’est s’exposer, exposer ses compétences, ses failles, mais aussi s’engager, prendre des responsabilités ; la peur de trop écrire et de ne pas être lu jusqu’au bout ; la peur de ne pas assez dire, de ne pas suffisamment bien traduire l’urgence, la gravité, la complexité de la situation ; la nécessité de peser ses mots ; la frustration à devoir rendre des comptes plutôt que rendre compte, à devoir cocher des cases plutôt qu’écrire ; la question de la place de la subjectivité, des émotions, des ressentis ; enfin, celle de la place de l’usager, de son rapport à l’écrit, de l’accès et de la place qui lui sont donnés, ...
On le voit, la thématique peut être largement explorée, interrogée. Et ce dossier ne suffira pas à épuiser le sujet, d’où l’idée de prolonger la réflexion lors d’une matinée début 2020. On vous tient au courant !
Sommaire
– Écrire pour métamorphoser la pratique - Joseph ROUZEL
– Travailleurs sociaux et écrits professionnels - Véronique BODIN
– Former à une écriture efficace qui fait sens - Cristos STAMATOPOULOS (interview)
– Écrire pour résister - Geneviève LACROIX et Frédéric ABAIGAR
– Écritures à côté - Claire LECOEUR
– L’écrit au coeur du travail social de CPAS - Bernard ANTOINE
– Le droit d’accès - SPP Intégration sociale
– Écrire (ou ne pas écrire) pour garder trace - Christian MEULDERS (interview)
– L’écrit, outil de communication et d’adhésion à Horizons Neufs - Grégory DE WILDE (interview)
HORS DOSSIER (rubrique COUP D’OEIL) :
– D’interviewers à interviewés. L’Observatoire dévoile ses coulisses à l’occasion de son 100ème numéro - Colette LECLERCQ et Romain LECOMTE, interview par Fiona SORCE Article en libre accès !!
– Perte de sens et reconfiguration du métier d’opérateur privé d’insertion. Les multiples contraintes de l’accompagnement des chômeurs en Belgique francophone - Julie GERARD
- 4 numéros qui se suivent
- Prix préférentiel au numéro
- Frais d’envoi gratuits !
- n°120 | Faire place à l’usager
- n°119 | L’intégration, l’affaire de tous
- n°118 | L’indispensable collectif
- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
EN LIEN AVEC CE NUMÉRO
titre
TO PIIS or NOT TO PIIS Les paradoxes de l'injonction à l'autonomie
retour au sommaire du n°88 "L’autonomie en tension" Auteur(s) : Abraham FRANSSEN Sociologue, Université Saint-Louis, Bruxelles Résumé : S’inscrivant dans le référentiel de l’Etat social actif, le « Projet Individuel d’Intégration social » (PIIS), désormais obligatoire pour tous les (…)