n° 75 - 2013
Le vieillissement actif : à quelles conditions ?
Le vieillissement actif et la solidarité intergénérationnelle étaient le thème de l’Année européenne 2012. Mais que signifie vieillir actif ? Est-ce un souhait, un idéal exprimé par la majorité des personnes au-delà de l’âge de la retraite ou est-ce une injonction sociale et surtout socioéconomique pour pallier au renversement de la pyramide des âges et réduire les coûts de la dépendance ? La réponse se trouve en partie dans nos représentations de la vieillesse et de ce qui est ou fait "activité".
Éditorial
Le vieillissement et la solidarité intergénérationnelle constituaient le thème de l’Année européenne 2012. Mais que signifie vieillir actif ?
La conception du « vieillissement actif », tant au sein des grandes organisations internationales (OMS, Commission Européenne, OCDE, etc.) que dans la sphère académique, a oscillé entre une approche restreinte à l’allongement des carrières, sur fond de crise budgétaire et de vieillissement de la population, et une approche plus transversale et englobante, plus attentive au bien-être et à la pluralité des formes de solidarité dans lesquelles les personnes âgées s’investissent (volontariat, soutiens de proximité et intra-familiaux, etc.).
Bien que de façon hésitante et sous la pression de la société civile internationale (plateforme AGE, réseau européen d’associations de seniors), c’est l’approche multidimensionnelle que la Commission Européenne a finalement mise en avant dans le cadre de l’Année européenne 2012, circonscrivant trois domaines d’action (emploi, participation sociale et vie autonome). Cette structuration a inspiré ce numéro, tout comme un colloque récemment organisé par Braises, réseau interuniversitaire francophone d’expertises en vieillissement, auquel plusieurs des contributeurs de ce numéro ont participé.
Tout en prenant en compte la question de « l’emploi des seniors » - et les paradoxes caractérisant les politiques publiques en la matière -, ce dossier explore ainsi la variété et la richesse des formes d’« engagement dans la vie » dont les personnes âgées font preuve. Prendre au sérieux ce concept de vieillissement actif, dans une perspective transversale, permet de reconnaître aux personnes âgées un rôle d’acteur dans la société bien au-delà de la seule activité rémunérée. Mais cet intérêt porté au vieillissement actif nécessite aussi de demeurer attentif à certains écueils.
En premier lieu, tout le monde n’est pas égal face au vieillissement et le danger est de faire peser sur les individus toute la responsabilité de leur « déficit » d’activité. Les inégalités sociales se répercutent sur l’avancée en âge et les personnes âgées ne jouissent dès lors pas toutes du même bagage (économique, culturel et indissociablement en termes de santé physique et mentale) pour « s’activer ».
Ensuite, alors que l’espérance de vie s’est considérablement allongée au cours des dernières décennies, la catégorie des « personnes âgées », des « aînés » ou encore des « seniors », englobe des individus d’âges bien différents. Peut-on raisonnablement attendre le même type et la même intensité d’activités chez un « jeune vieux » tout juste pensionné et un « vieux vieux » ayant passé le cap des nonante ans ?...
En troisième lieu, il convient d’accepter la vieillesse avec ses failles, ses (plus grandes) dépendances, ses rythmes moins soutenus, et simultanément de la reconnaître dans ce qui la distingue positivement, telles que l’expérience ou encore la transmission de la mémoire et des valeurs indispensables à la cohésion de notre société. Se focaliser sur l’« activité » des vieux (osons le mot « vieux » !) ne doit pas en effet mener à réifier le jeunisme dominant dans nos sociétés modernes occidentales, à reproduire les représentations collectives stigmatisant tout signe de vieillesse et ne valorisant chez les vieux que ce qui serait caractéristique de la jeunesse. Au vieux perçu comme une charge budgétaire répondrait alors l’idéal injonctif d’un vieux hyper actif, mobile, sportif, expérimentateur, branché, aux rides à peine apparentes…
Pour finir, au-delà de l’activité pour autrui, reconnaissons aux personnes âgées le droit d’être aussi actives pour elles-mêmes… et de ne pas être actives !
Sommaire
CONCEPT ET RECADRAGE
– Vieillissement actif : notion singulière, parcours pluriels - Thibauld MOULAERT
– Représentations du vieillissement et de la vieillesse - Jean-Claude HENRARD
PARTICIPATION
– Les solidarités familiales : des échanges actifs - Blanche LEIDER
– Pas de retraite pour la citoyenneté - Amandine TIBERGHIEN
– Villes-amies des aînés :
Déclinaison du concept au Québec - Mario PARIS, Suzanne GARON, Marie BEAULIEU
EMPLOI
– Des fins de carrière au prisme des temporalités - Nathalie BURNAY
– La transition travail/retraite, un processus délicat – Dominique THIERRY
« BIEN VIEILLIR » CHEZ SOI ET AILLEURS
– « Bien vieillir » à domicile.. une évidence ? - Valentine CHARLOT, Catherine HANOTEAU
– Bien vieillir en institution - Caroline GUFFENS
CONCLUSIONS
HORS DOSSIER (rubrique COUP D’OEIL) :
– Accueil institutionnel des personnes âgées : le transfert des compétences pose question - Brigitte BOUTON
– Quoi d’9 dans l’insertion ? 9ème édition de la Journée des Insertions... L’Observatoire prépare les actes - Colette LECLERCQ
– L’Observatoire de la vie associative de la Fondation Roi Baudoin. baromètre 2012 : accrochons-nous ! - Colette LECLERCQ
- 4 numéros qui se suivent
- Prix préférentiel au numéro
- Frais d’envoi gratuits !
- n°119 | L’intégration, l’affaire de tous
- n°118 | L’indispensable collectif
- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
- n°110 | Numérique : quels risques pour les usagers plus fragiles ?
EN LIEN AVEC CE NUMÉRO...
titre
« Bien vieillir à domicile... une évidence ?
retour au sommaire du n°75 "Le vieillissement actif : à quelles conditions ?" Auteur(s) : Valentine CHARLOT Docteur en psychologie, Présidente de l’asbl « Le Bien Vieillir » Catherine HANOTEAU Licenciée en psychologie, formatrice indépendante pour l’asbl « Le Bien Vieillir » Résumé : (…)