Vieillesse et migration

Le vieillissement de la population est une réalité en Belgique et dans l’ensemble de l’Union Européenne. Divers aspects de notre vie en société sont basés sur un équilibre entre les trois catégories suivantes : enfants - adultes - personnes âgées.

Les migrants n’échappent pas à cette réalité du vieillissement, même si de nouvelles vagues d’immigration gardent une relative jeunesse de la population immigrée dans son ensemble.

Cependant, à terme, les nouvelles migrations, à elles seules, ne pourront pas combler ce vieillissement.

Le vieillissement des premières grandes vagues de l’immigration en Belgique et en Europe occidentale de l’immédiat après guerre 40-45 est devenue une réalité de plus en plus consistante, avec les questions qui y sont liées : problèmes de calcul de la retraite, de mobilité entre pays d’accueil et pays d’origine, de solitude, de santé, de perte d’autonomie des parents restés au pays, de perte d’autonomie pour soi-même.

Les carrières professionnelles morcelées, réalisées dans plusieurs pays et/ou souvent incomplètes parce que certaines périodes n’ont pas été déclarées ou ne sont pas valorisables, ne facilitent pas la situation financière vécue par nombre de migrants âgés, surtout pour ceux étant issus de pays hors Union européenne ou dont le pays n’est devenu membre UE que depuis quelques années ou décennies.

On ne mesure pas suffisamment les conséquences sociales d’une période relativement longue, en tant que clandestin ou en situation irrégulière sur le territoire du pays d’accueil.

C’est une bombe sociale à retardement parce que les migrants qui, à la fleur de l’âge actif passent cinq ou dix ans de leur vie sans possibilité de couverture sociale et sans contribution au système des pensions, vont venir grossir les rangs des pauvres de demain.

En plus du déracinement culturel et social, viendra s’ajouter la pauvreté matérielle et ses conséquences en terme de santé physique et mentale.

Et le grand âge de ces migrants et/ou leur perte d’autonomie sera un poids supplémentaire sur le dos de leurs enfants et ou de la société en général.

Heureusement, tous les migrants âgés ne sont pas dans cette situation. Ils représentent une ressource qui contribue et pourrait certainement davantage contribuer à la cohésion sociale dans le pays d’accueil, voire au développement de projets économiques et sociaux dans le pays d’origine. Il faut cependant favoriser les allées et venues de ces migrants entre les deux pays.

De façon plus globale, le vieillissement des populations immigrées, comme pour le vieillissement de la population en général, doit être accompagné de dispositifs économiques et sociaux promouvant la dignité de la personne âgée, et autant que faire se peut, sa participation en tant qu’acteur à part entière de la société, qu’elle soit du pays d’origine et/ou du pays d’accueil.

Les structures sociales d’accompagnement ou de prise en charge lorsque cela s’avère nécessaire doivent s’adapter à la diversité des situations et des populations en présence.

C’est un défi que nos sociétés doivent prendre à bras le corps. Il en va de leur cohésion sociale.

Michel Villan. Directeur. Direction de l’intégration des personnes étrangères et de l’égalité des chances. Direction générale opérationnelle "Pouvoirs locaux, action sociale et santé". Service public de Wallonie

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