n° 84 - 2015
Besoins primaires dans un contexte d’opulence
Se nourrir en suffisance, se loger, se chauffer, se laver, se soigner… des besoins primaires qui, dans un pays riche comme le nôtre, devraient être un acquis pour tous. Il n’en est rien. Comment des associations et des services publics aident-ils ceux qui sont frappés par cette déprivation ? Comment les personnes pauvres luttent-elles, au jour le jour, pour s’en sortir ? Comment renforcer et rendre plus juste la lutte contre la pauvreté ?
Éditorial
A l’heure où la Belgique vient de dépasser le cap des 100.000 millionnaires, où les magasins de luxe témoignent d’une société d’opulence sinon d’abondance, des personnes luttent, quotidiennement, pour pouvoir se nourrir, se loger, se chauffer, se soigner… Elles consacrent l’essentiel de leur temps, de leurs efforts, de leur inventivité, à tenter de satisfaire leurs besoins primaires et s’acquitter des autres charges courantes (factures de téléphonie, frais de transport, frais liés à la scolarité des enfants…). Elles en sont ainsi réduites à « gérer la matérialité du quotidien » , au détriment bien souvent de leur état de santé, de leur vie familiale et amicale, de leur estime de soi, de toute quête d’émancipation.
Souvent, ces personnes dans le trop peu sont contraintes de se tourner vers des services et des associations offrant de quoi manger, boire, se vêtir, se laver, faire sa lessive… Le secteur de l’aide alimentaire, à travers la distribution de colis alimentaires, les restaurants sociaux et les épiceries sociales, a par exemple vu son nombre de bénéficiaires croître de façon spectaculaire au cours des deux dernières décennies.
De tels dispositifs sont la principale réponse actuellement apportée par les pouvoirs publics, par la société, à cette déprivation matérielle qui frappe tant de femmes, d’hommes, d’enfants. Comme ce dossier l’illustre, des acteurs sociaux qui opèrent dans ce domaine réalisent un travail de qualité, irréductible à sa dimension matérielle (accompagnement social, création de lien social, expression et participation des bénéficiaires, convivialité…).
Il n’en reste pas moins que ces mesures qui obligent les plus pauvres à « tendre la main », sont palliatives, se penchant sur les effets de la pauvreté plutôt que sur ses causes. Aussi, divers acteurs engagés dans la lutte contre la pauvreté, en appellent-ils à une lutte plus structurelle afin de permettre à toutes et à tous de mener une vie réellement conforme à la dignité humaine. La faiblesse des revenus et les inégalités qu’elle recouvre, demeurent ici un enjeu primordial, tout comme le prix des loyers, qui mange souvent pas loin de la moitié du revenu mensuel des ménages pauvres. Un autre défi majeur à relever, consiste à battre en brèche les représentations qui prédominent sur les personnes pauvres, les rendant non seulement responsables de leur condition, mais encore, les réduisant de plus en plus à des tricheurs qui abusent du système. Nous espérons que ce numéro y contribuera.
Sommaire
– Besoins primaires et survie, droits fondamentaux et dignité humaine - Françoise DE BOE
– Le pouvoir d’achat des plus pauvres - Ricardo CHERENTI (Article PDF en vente)
– Un enfant sur quatre souffre de déprivation matérielle en Wallonie - Anne-Catherine GUIO
SE NOURRIR
– Droit et accès à l’alimentation : l’aide alimentaire en question - Siméon DE HEY, Déborah MYAUX
– Aide alimentaire et accès à l’alimentation - Dominique PATUREL
– L’aide alimentaire de la Croix-Rouge : focus sur la province de Luxembourg - Hélène DELOGNE
– Se nourrir lorsqu’on est pauvre - Magali RAMEL, Huguette BOISSONNAT-PELSY, Chantal SIBUE-DE CAIGNY
SE LOGER, SE CHAUFFER
– Mettre de l’énergie dans le social - François GREVISSE, Hugues-Olivier HUBERT
PRENDRE SOIN DE SOI
– Inégalités sociales de santé et accès aux soins de santé - Anouck BILLIET, Dominique DUBOURG
– L’Arche d’Avenirs, accueil de jour de l’Association des oeuvres de La Mie de Pain
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HORS DOSSIER (rubrique COUP D’OEIL) :
– Santé mentale et autonomie - Jean-Louis FEYS
– Donner un statut au foetus, une menace indirecte au droit à l’avortement - Xénia MASZOWEZ
– Stratégie de la Wallonie pour prévenir le radicalisme violent - Philippe BROGNIET
– Vers une approche pénitentiaire durable : les Maisons - Colette LECLERCQ
- 4 numéros qui se suivent
- Prix préférentiel au numéro
- Frais d’envoi gratuits !
- n°120 | Faire place à l’usager
- n°119 | L’intégration, l’affaire de tous
- n°118 | L’indispensable collectif
- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
EN LIEN AVEC CE NUMÉRO
titre
Prendre soin de la terre & des humains Réflexions au départ de la naissance et de la croissance de 'Nos Oignons'
retour au sommaire du n°90 "Jardinons le social, cultivons un autre monde" Auteur(s) : Quentin MORTIER Coordinateur Pôle Etudes & Animations, SAW-B Premières lignes : Les acteurs se revendiquant de l’économie sociale ont-ils conscience de la profonde mutation de notre rapport au (…)