n° 109 - 2021
Quelle équipe ? Les ingrédients, les forces, les difficultés...
Incontournable dans les secteurs de l’aide et du soin, le travail en équipe peut connaitre divers écueils, tant aux niveaux relationnels qu’organisationnels, auxquels directions, mais aussi travailleurs, se doivent d’être attentifs. Faire équipe est en effet une construction collective permanente. Sur quels outils, dispositifs institutionnels, peuvent-ils s’appuyer ?
Éditorial
Dans les métiers de l’humain, une dynamique d’équipe positive, porteuse, est précieuse car elle a un impact évident sur la qualité des accompagnements et des soins aux personnes. Il est clair que l’on travaille mieux si l’on se sent bien, à sa place, dans sa place, au sein du service et dans ses interactions avec ses collègues. L’idée n’est pas de "s’aimer" mais de travailler ensemble, d’être complémentaires, de partager des objectifs communs, d’être en cohérence, de se soutenir, de faire tiers pour permettre la prise de recul nécessaire... Ce sera tout bénéfice pour les usagers.
Pourtant, faire équipe ne va pas de soi…
La vie d’une institution n’est pas un long fleuve tranquille. Elle met en présence des individus, tous différents, qui réagissent et interagissent avec toute la palette des émotions et des tempéraments que compte la nature humaine. Elle est faite de hauts et de bas, de continuité et de changements.
Les difficultés sont donc fréquentes, inévitables, tel un parcours d’obstacles à franchir, à s’affranchir. Elles peuvent cependant parfois être plus importantes, plus souterraines, plus profondes, grossir et aller crescendo : problèmes de communication, de coordination, tensions entre collègues et/ou avec la direction, manque de (re)connaissance, de confiance, insatisfaction, doute, repli sur soi ou recherche d’alliances, de coalitions, émergence de clans, avec des effets qui peuvent s’amplifier : démotivation, altercations récurrentes, rejets, boucémissarisation, absences, maladies à répétition, burn-out, turn-over importants...
Ces dysfonctionnements peuvent trouver leur source dans le manque de clarté du projet institutionnel mais aussi du cadre et des règles censés organiser le collectif, baliser les interactions entre collègues et déjouer les pièges relationnels ; dans la difficulté d’une direction à prendre sa place, à assurer le délicat équilibre entre relations verticales et horizontales ; dans le manque d’écoute et de temps consacré aux échanges en équipe tant sur les façons de travailler et d’être ensemble que sur les principes et valeurs de l’institution…
Des facteurs externes peuvent également venir renforcer, voire provoquer, ces dérèglements. Pensons aux exigences gestionnaires actuelles, qui conduisent parfois à considérer les échanges entre collègues comme du « temps perdu » tout en surchargeant les directions d’obligations administratives les éloignant de leurs travailleurs, ou aux restrictions budgétaires qui épuisent ces derniers et les insécurisent… Songeons encore à la crise sanitaire qui, depuis maintenant depuis près de deux ans, perturbe à maints égards la dynamique des services.
Ce dossier se penche sur les défis des équipes et des directions et souligne la nécessité de créer, de préserver, de favoriser divers espaces-temps, formels et informels, pour permettre de mieux se connaître, mieux se parler, s’écouter, collaborer. A cet égard, le recours à un extérieur pour une supervision peut aider à sortir de certaines ornières, à rétablir le dialogue, à favoriser un nouvel élan.
Colette LECLERCQ & Romain LECOMTE
En lien avec ce n° : • le n° 106 : Le Social sous la pression du Covid/2 • le n° 102 : Les émotions dans le travail social : frein ou tremplin ? • le n° 96 : Quel travail social dans les secteurs de la santé ? • le n° 82 : Ils évaluent, nous évaluons, vous évaluez...
Sommaire
– Les équipes dans le secteur médico-psycho-social - Sophie TORTOLANO, Paul JAUMAUX
– De la difficulté de faire équipe - Alain DEPAULIS
– La dynamique de groupe dans les équipes : quand 1+1 = 3 - Barbara FLANDROIT
– Le travail d’équipe dans l’interstice : une approche institutionnelle - Saki KOGURE & Jean BLAIRON
– Quand une crise institutionnelle secoue les équipes - Michel HANOT (interview)
– La supervision, un indice de bonne santé - Marie-Claude LACROIX & Sophie DETOURNAY
HORS DOSSIER (rubrique COUP D’OEIL) :
– Renforcer la solidarité, base essentielle de la société (post-COVID-19)- Colette LECLERCQ
– La crise sanitaire a-t-elle balayé les extrémismes violents ? Observations issues du travail de terrain et de veille du CAPREV - Alice JASPART Article en libre accès !!
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- n°120 | Faire place à l’usager
- n°119 | L’intégration, l’affaire de tous
- n°118 | L’indispensable collectif
- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
titre
« Parle à mon corps ; l’inceste l’a rendu sourd » : de la nécessaire évolution d’une pratique au service des mineurs victimes d’abus sexuels au sein de leur famille
retour au sommaire du n°80 "Le corps dans l’intervention (psycho)sociale" Auteur(s) : Samira Bourhaba Directrice du service Kaleidos, Liège Premières lignes : Engagés depuis une dizaine d’années dans l’aide aux mineurs victimes d’abus sexuels intra-familiaux et/ou mineurs auteurs de (…)