n° 60 - 2008
Davantage de Bien-être pour les publics précarisés
Dans une société où l’accumulation de biens, de richesses, d’avoirs ... a longtemps semblé - et semble encore pour beaucoup - un idéal de vie, une promesse de bonheur, la notion de bien-être paraît comme une voie nouvelle. La notion de bien-être n’est en effet pas sans lien avec les questionnements qui traversent cette société et les politiques sociales mises en place. Ainsi au niveau de l’action sociale, elle est aussi significative d’une préhension plus large de la pauvreté (sans négliger les aspects matériels, concrets, elle prend en compte l’estime de soi, le relationnel, la participation, le culturel, le plaisir...) et d’une coresponsabilisation (pouvoirs publics, individus, société civile, entreprises) face à celle-ci.
Éditorial
Convaincu que la notion de bien-être est intimement liée à la perception des personnes de leurs propres besoins, et non pas à une vision unique imposée par une autorité, il me tient à cœur de placer l’humain au centre de ma réflexion et de mon action ministérielle.Chaque personne a le droit de vivre dans des conditions optimales, dans le respect de ses différences : qu’elle ait 7 ou 77 ans, qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs, qu’elle souffre d’un handicap, fragilisé par la vie de quelque manière que ce soit, ou qu’elle aime une personne du même sexe que lui. Mon attention se porte là où sont les émotions, la vie, le cœur, les ambitions de chacune et de chacun. Et ce sans nier les difficultés de la vie.Bien-être et santé pour tous, respect de chacun dans ses différences, dans ses difficultés, épanouissement de la famille : voici les priorités qui balisent mon travail au quotidien et que je souhaiterais aborder en introduction de ce numéro spécialement dédicacé au bien-être.
La santé pour tous, vecteur de bien-être
Suivant la définition de l’OMS, la santé est un état de bien-être total physique, social et mental de la personne, et non la simple absence de maladie ou d’infirmité. La santé de la population devient donc une responsabilité collective. Suivant les recommandations d’Adélaïde (1988), la santé est un droit fondamental de l’homme, et un investissement social. C’est dans cette vision que j’inscris mon engagement, en faveur d’un objectif clairement déclaré : « Santé pour tous ! ». Qu’il s’agisse des infrastructures hospitalières ou des maisons médicales. Qu’il s’agisse de l’accueil des personnes âgées (de la maison de repos à l’accueil familial en passant par la résidence service ou encore le l’accueil de court séjour) ou des personnes précarisées. Egalement en matière de traitement des assuétudes ou de santé mentale, je veux une politique de santé accessible, de proximité, de qualité, avec pour seul objectif le bien-être de toutes et tous. C’est là l’objet des réformes que j’ai menées ces derniers mois.
L’Action sociale pour contribuer au bien-être des publics précarisés
En tant que Ministre wallon de l’Action sociale, il est primordial pour moi d’agir en faveur du bien-être des personnes fragilisées économiquement, que ce soit pour une courte durée en raison d’un « accident de parcours », ou des publics précarisés et souffrant carrément d’exclusion sociale. C’est tout le sens de mon engagement, et des initiatives qui favorisent l’insertion des personnes les plus éloignées de l’emploi. Et au-delà, pour les plus démunis, je réaffirme mon soutien aux relais sociaux, qui ne cessent de se développer en Région wallonne.
Respect des différences et égalité des chances
Au-delà de la survie, Abraham Maslow (1908-1970, psychologue) nous apprend de par sa pyramide des besoins que le bien-être de chacun passe aussi par la socialisation, l’estime et l’accomplissement de soi. C’est dans cette perspective, et dans le cadre de mes compétences en Egalité des chances, qu’il me tient à cœur d’œuvrer en faveur de l’intégration de tous les publics sans distinction d’origine ou d’orientation sexuelle. Ainsi, un décret anti-discrimination allant dans ce sens sera bientôt soumis au vote du Parlement wallon.
Les personnes handicapées retiennent bien entendu toute mon attention, et je souhaite développer les outils existants et déjà performants pour améliorer leur insertion socioprofessionnelle, car c’est une réalité : le bien-être passe par là aussi. Autant d’initiatives telles le Budget d’Assistance Personnelle (BAP) ou le développement de formules de répit convergent vers une politique évolutive qui suit les contours de la notion de bien-être.
Le bien-être en famille, à tous les âges
A chaque période de vie correspondent des besoins spécifiques ; du petit enfant à la personne vieillissante qui aspire à pouvoir vivre le plus longtemps en bonne santé et de manière autonome, de l’adolescent qui s’éveille à l’amour et à la sexualité, aux pères et mères de famille qui souhaitent pouvoir s’investir - tout en étant présents pour leurs enfants et leurs aînés - dans leur carrière professionnelle. Par mon action ministérielle, je souhaite renforcer la présence de la Région à chacune de ces étapes, et veiller ainsi à promouvoir le vivre-ensemble harmonieux, le bien-être en famille. Soutenir les structures d’accueil, les centres de planning familial ou bien encore les espaces-rencontres permet de concrétiser cet engagement.Le bien-être passe aussi par la solidaritéLe 5 novembre dernier, le Parlement wallon adoptait sur base d’une proposition commune de Philippe Courard et moi-même, deux décrets relatifs au « Plan de cohésion sociale dans les villes et communes de Wallonie ». Ces Plans de Cohésion Sociale (PCS) visent à concentrer l’action sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens, considérées comme facteurs d’inclusion sociale et territoriale, et sur les pratiques organisationnelles à suivre afin d’atteindre au mieux cet objectif. Dans cet esprit, les Plans de Cohésion Sociale reprendront toutes les actions menées par l’ensemble des acteurs locaux impliqués dans des projets liés aux droits fondamentaux, économiques, sociaux et culturels, dont la compétence relève de la Région wallonne. Afin d’atteindre cet objectif d’action globale et concertée, Philippe Courard et moi-même avons personnellement veillé à favoriser au mieux le partenariat entre les communes, les associations, les services et les institutions.Dès le mois d’avril 2009, et je m’en réjouis, les premières communes pourront mettre en application ce qui sera alors leur propre « plan de cohésion sociale ».Comme vous l’aurez constaté, la question du bien-être est vaste et englobe de nombreuses dimensions. Vous découvrirez le bien-être dans ce numéro spécial à travers de multiples approches ; philosophique, sociologique, artistique, … Je vous souhaite d’ores et déjà une excellente lecture !
Didier Donfut. Ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des chances
Sommaire
– Invention du bien-être, invention d’une politique du vivant - Didier VRANCKEN
– Le Bien-être ou la fabrique de la normalité - Sébastien LAOUREUX
– Le Bien-être : une construction individuelle et collective ? - Patrick TREFOIS & Michel PETTIAUX
– Le pouvoir d’achat & le panier de la ménagère… pauvre - Ricado CHERENTI
– Elaborer des indicateurs de progrès dans le Bien-être avec la participation des citoyens : une proposition du Conseil de l’Europe - Gilda FARRELL
– Bien-être & cohésion sociale en Région wallonne - Carine JANSEN
– Participation, Bien-être & précarité - Françoise De BOE et Henk VAN HOOTEGEM
– Ougrée.be, la participation citoyenne pour lutter contre la précarité - Jean-Marie DELVOYE (NB : source photos de cet article : http://www.2visu.be)
– Comment penser le Bien-être des publics précarisés ? - Bernard BACQ
– L’Article 27, ouverture à soi, aux autres, à la culture - Delphine NOEL et Catherine LEGROS
– Le Bébé Bus Basse Sambre, une halte accueil qui développe des projets citoyens - Claudio PESCAROLLO
– Prendre soin de soi... un itinéraire vers le bien-être - Karine BAILLY
– Bien-être & Santé - Patrick TREFOIS
– Alimentation, Santé & Bien-être - Geneviève HOUIOUX
– Pollutions, habitat, précarité : comment améliorer la communications ? - Damien FRANCENNE, Anne THIBAUT
– La Maison des Familles, un espace Bien-être où d’aidé, on devient aidant - Michel DENIS & Olivier CATOIRE
– La Ferme de la Vache, un projet qui allie valorisation du patrimoine, insertion & dynamisation communautaire - Ibrahim AGUELMIN
– De l’expérience individuelle à l’expertise au service des citoyens précarisés - Equipe "Experts du vécu en matière de pauvreté et d’exclusion sociale"
HORS DOSSIER (rubrique COUP D’OEIL) :
– Ce que les enfants entendent par bien-être... - Synergies & Actions
– Echos du Colloques 2008 de l’Observatoire du Crédit et de l’Endettement - Didier Noël
– Comment se sentent les jeunes de 15-25 ans ? Bien-être ou mal-être ? - Les Femmes Prévoyantes Socialistes
- 4 numéros qui se suivent
- Prix préférentiel au numéro
- Frais d’envoi gratuits !
- n°120 | Faire place à l’usager
- n°119 | L’intégration, l’affaire de tous
- n°118 | L’indispensable collectif
- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
titre
L'autonomie : férocité d'un impératif et déni de la fonction du lien
retour au sommaire du n°88 "L’autonomie en tension" Auteur(s) : Thierry VAN DE WIJNGAERT Coordinateur IHP Prélude Résumé : L’autonomie, résonnant avec les idées de liberté et d’émancipation, est aujourd’hui promue comme une qualité éminemment désirable. On la retrouve dans le discours (…)