n° 91 - 2017
Les préjugés ne sont pas inoffensifs
Stéréotypes, préjugés et autres formes de représentations erronées et réductrices génèrent de la discrimination et de l’exclusion, mais elles créent également des incompréhensions dans la relation d’aide et des fêlures dans le vivre ensemble, affectent l’estime de soi des personnes qui en font l’objet, etc. Comment fonctionnent-ils ? Quelles sont leurs causes ? Par quels moyens les déconstruire ?
Éditorial
Stéréotypes, préjugés et autres formes de représentations biaisées, réductrices, dévalorisantes, ne sont pas inoffensifs.
Tout d’abord, parce qu’ils conditionnent - de façon d’autant plus tenace qu’ils sont souvent largement inconscients - l’action des individus, des institutions et même des pouvoirs publics qui les portent, créant des fêlures dans le vivre ensemble, générant des comportements discriminatoires ou des mesures contre-productives à l’égard de certaines catégories de la population, participant à l’exclusion de celles-ci et in fine à la reproduction et la justification des inégalités.
Ils vont jusqu’à s’insinuer dans la relation d’aide, dans la communication et les rapports interpersonnels entre travailleurs psycho-médico-sociaux et bénéficiaires, produisant des malentendus, des incompréhensions, des mauvaises interprétations à l’origine d’évaluations et d’actions inadéquates, mettant en échec l’intervention.
Ensuite, parce que, véhiculés explicitement ou implicitement dans le discours ambiant, dans les médias, sur les réseaux sociaux, etc., ils influent aussi directement sur les attitudes et comportements des personnes concernées, affectant leur estime de soi, les amenant à s’auto-exclure, à intérioriser le stigmate au point parfois de se conformer à l’image négative qui leur est accolée : c’est l’effet Pygmalion.
Ce dossier de l’Observatoire se penche ainsi sur les causes, les logiques et modes de fonctionnement, les vecteurs et les effets de ces stéréotypes, préjugés et représentations.
Il épingle par ailleurs un large éventail d’outils, d’actions, de projets visant à les déconstruire : campagnes d’information à destination du grand public, sensibilisation à l’attention des travailleurs sociaux, support à l’expression et la mise en visibilité du vécu des publics qui en sont victimes (productions artistiques et culturelles…), guides ou lexiques à destination des professionnels ou plus précisément des médias, création de rencontres entre personnes de milieux différents pour briser les barrières et l’ignorance, animations et formations variées (méthode des chocs culturels, formation par les pairs, jeux de rôle pour favoriser l’empathie…), etc. Comme à notre habitude, dans un souci de transversalité, la thématique a été abordée à travers des secteurs et publics variés : personnes pauvres ou plus précisément bénéficiaires d’allocations sociales, personnes étrangères et d’origine étrangère, personnes atteintes de troubles psychiques, personnes handicapées, jeunes…
Bonne lecture !
Sommaire
– Sous influence ? Petit guide de survie en territoire médiatique - Julien GRAS
– Ceci n’est pas une crise, mais une mutation profonde - Benoît SCHEUER
– Des stéréotypes aux discriminations, se former pour agir - Remy FARGE
– Pauvreté & pensée sociale - Jean-Marie SECA
– Dépasser nos préjugés pour avancer en démocratie - Jean-Christophe SARROT
– Une jeunesse stigmatisée... et dualisée - Bernard DE VOS
– Le stigmate de Thomas et la criminalisation des drogues - Sébastien ALEXANDRE
HORS DOSSIER (rubrique COUP D’OEIL) :
– Sortir de prison... Vers une transition réussie ? - Colette LECLERCQ / CAAP Article en libre accès !!
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