n° 56 - 2007
Insertion socioprofessionnelle des publics vulnérables
Y a-t-il pénurie d’emplois ou pénurie de main d’oeuvre ? La réponse est sans doute moins évidente qu’il n’y paraît. Certes, il y a des emplois vacants mais sont-ils accessibles pour ceux-là même que l’on voudrait raccrocher, sortir d’une logique d’assistance, dont on dit ne pas vouloir laisser au bord du chemin ? La distance qui les en sépare semble ne cesser de s’agrandir d’où la pertinence de structures adaptées, spécialisées dans l’insertion socioprofessionnelle mais aussi la nécéssité d’une réflexion en profondeur sur les mécanismes qui sont à l’oeuvre en aval, en amont et en dedans ce processus.
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Éditorial
Y a-t-il pénurie d’emplois ou pénurie de main d’oeuvre ? La réponse est sans doute moins évidente qu’il n’y paraît. Certes, il y a des emplois vacants mais sont-ils accessibles pour ceux-là même que l’on voudrait raccrocher, sortir d’une logique d’assistance, dont on dit ne pas vouloir laisser au bord du chemin ? Plusieurs mécanismes sont à l’oeuvre tels que la sursélectivité induite par la concurrence exacerbée des entreprises ou les inégalités à la base renforcées par l’absence de diplôme et de fomation. Ces mécanismes créent une pénurie d’emplois convenables et relèguent de plus en plus loin ceux qui sont les moins qualifiés.
Y a-t-il responsabilité individuelle, raisons personnelles ou responsabilité collective, raisons structurelles ? Les deux sans doute mais bien que la première soit minime comparativement à la seconde, elle est pourtant celle qui est le plus souvent mise en avant, peut-être parce que plus facile à cerner et de prime abord plus facile à « travailler ». Cependant, si l’activation des chômeurs a le vent en poupe, ses résultats laissent à désirer. Des mesures telles que le Plan d’accompagnement des chômeurs peuvent en effet produire des effets positifs sur une catégorie de personnes, en fait celles dont les caractéristiques sur le plan de l’embauche sont les plus favorables, mais pour les personnes plus vulnérables qui ont peu de qualifications, peu ou pas de réseaux sociaux, qui cumulent les handicaps et les difficultés, qui sont dans une culture de survie, de honte ou de peur, ces mêmes mesures peuvent être contre-productives et plutôt que de réduire la distance qui sépare de l’emploi, l’ériger en mur infranchissable.
Les politiques d’emploi doivent s’inscrire dans une démarche globale qui mobilise l’ensemble des acteurs, elles doivent susciter la responsabilité collective de la société, des entreprises et faciliter l’accès à l’emploi des plus vulnérables via un accompagnement basé sur la confiance, la valorisation des acquis, l’épanouissement, le mieux-être. D’où toute la pertinence des structures adaptées, spécialisées dans l’insertion socioprofessionnelle de ces publics identifiés comme les plus éloignés de l’emploi dont les EFT - Entreprises de Formation par le Travail et les OISP - Organismes d’insertion Socio-Professionnelle - auxquels nous nous sommes davantage attachés dans ce dossier[1]. D’où aussi toute la nécessité de penser la post-formation et de jeter des passerelles avec les PME, les entreprises d’économie sociale, les sociétés d’intérim... mais également de mener une analyse critique pour ne pas se laisser piéger dans des formules qui peuvent se révéler palliatives plus que curatives ou pour ne pas se laisser aller à croire que pour avoir un emploi, il suffit de le vouloir.
Colette Leclercq
[1] La réinsertion socioprofessionnelle est un sujet vaste et il nous a obligatoirement fallu opérer des choix, nous ne parlons pas ainsi d’autres opérateurs comme l’AWIPH ou l’IFAPME ou les CPAS (voir cependant l’article de R. Cherenti) ou encore l’école...
Sommaire
– Le travail enchanté - Marc JACQUEMAIN & Jérôme PIETERS
– La situation de l’emploi et les responsabilités sociales - Georges LIENARD
– Les politiques d’emploi à la lumière de la santé mentale des chômeurs - Ginette HERMAN & David BOURGUIGNON
– L’habitat en camping et l’insertion socioprofessionnelle : une contradiction ? - Elise JACQUEMIN
– La politique menée en Région wallonne pour favoriser l’emploi des plus vulnérables - Raymonde YERNA
– "I.S.P." pour insertion socioprofessionnelle - Eric ALBERTUCCIO
– Pas à pas vers la formation et l’emploi. Comment accrocher, motiver, soutenir... - Rencontre avec Marina MIRKES et Véronique DUPONT
– Les paradoxes de l’insertion socioprofessionnelle - Eric GRAVA
– « Un job dans le mille » grâce au Jobcoatching - Claire VAN ZEEBROECK
– Les agences privées & la réinsertion socioprofessionnelle des publics vulnérables - Arnaud LE GRELLE
– L’économie sociale, premier fournisseur d’emplois pour les publics dit précarisés ? - Jean-Pierre POLLENUS
– Les emplois titres-services : marche-pied ou chaussetrappe pour les personnes pauvres ? - Thierry MARTIN, Henk TERMOTE
– Les Services d’insertion sociale, secteur en devenir - Baudouin MASSART
– De la responsabilité collective et individuelle - Ricardo CHERENTI
– Quand l’emploi rime avec pauvreté... - Florence LEFRESNE
- 4 numéros qui se suivent
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- n°120 | Faire place à l’usager
- n°119 | L’intégration, l’affaire de tous
- n°118 | L’indispensable collectif
- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
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titre
Comment aider les jeunes à devenir autonomes après l'institution ? Dispositifs et accompagnement par paliers
retour au sommaire du n°88 "L’autonomie en tension" Auteur(s) : Interview par Colette Leclercq de Amina BOUKAFTANE, Assistante sociale, Cité de l’Enfance (SAAE Le Mas) Marjorie Henriet, Directrice Référente Pédagogique à la Cité de l’Enfance ISPPC (Intercommunale de Santé Publique du (…)