n° 54 - 2007
Inclusion sociale, regards européens
Plutôt que d’être « contre », on propose désormais d’être « pour » et plutôt que d’« exclusion », on préfère parler d’« inclusion » avec en toile de fond un enjeu de taille, la « cohésion sociale ».
Ce dossier interroge les concepts qui tournent autour de l’inclusion sociale. Il revisite les modèles, théories, politiques qui les sous-tendent ou les prolongent : dans l’égalité des droits, l’accès à l’emploi, le développement urbain. Il présente ensuite les objectifs et défis posés dans ce domaine par l’Europe et traduits en Rapports conjoints sur la protection et l’inclusion sociale.
Éditorial
L’exclusion gagne du terrain. Elle fait taches et taches sur taches, elle s’élargit en cercles concentriques partant d’un point de faiblesse, de rupture, d’accident : un divorce, un licenciement, une maladie chronique, un deuil impossible, et elle grossit, s’étend, déborde (de) l’individu, touche sa famille, isole et imprime sa marque, contamine le quotidien, les lendemains et les rêves...
L’exclusion n’est plus le fait de quelques-uns, marginaux, réfractaires, qui n’ont su prendre le train en marche, elle menace chacun car les chemins de vie deviennent plus incertains, plus cahotiques. Et elle menace de ce fait aussi l’ensemble, l’édifice, la société, de se fissurer, se fragmenter, devenir château de cartes.
En cause la mondialisation, les transformations du travail, l’éclatement de la famille, le vieillissement de la population et la perte des valeurs qui faisaient socle...
La lutte contre l’exclusion dépasse le champ de bataille livrée contre la pauvreté, elle est plus vaste. On peut vivre au-dessus du seuil de pauvreté et se sentir hors des autres, des normes parce que l’on est vieux, handicapé, avec une autre couleur de peau... bien que la frontière soit fragile. Mais l’inverse n’est pas vrai : la pauvreté est toujours synonyme d’exclusion, à quelques exceptions près. Comment en effet se sentir pleinement inclus dans une société qui juge sur les apparences, prône les paillettes, le luxe et la facilité quand on habite un taudis, se fringue à l’armée du salut, redoute les fins de mois difficiles ?
La lutte contre l’exclusion a le mérité d’élargir les catégories, elle est plus englobante, moins stigmatisante, elle questionne la société, et elle devrait aussi, en principe, mobiliser toute la société civile - puisqu’on est tous susceptibles d’être un jour concernés - et pas uniquement les institutions et les services qui ont été créés pour venir en aide à ceux qui sont dans le besoin.
C’est peut-être pour cette raison, pour encourager le mouvement , l’adhésion qu’on a pris le pli d’inverser la tendance : plutôt que d’être « contre », on propose désormais d’être « pour » et plutôt que d’« exclusion », on préfère parler d’« inclusion » avec en toile de fond un enjeu de taille, la « cohésion sociale ».
Ce dossier interroge les concepts qui tournent autour de la question sociale. Il revisite les modèles, théories, politiques qui les sous-tendent ou les prolongent : dans l’égalité des droits, l’accès à l’emploi, le développement urbain. Il présente ensuite les objectifs et défis posés dans ce domaine par l’Europe et traduits en Rapports conjoints sur la protection et l’inclusion sociale.
Colette Leclercq
Sommaire
– La cohésion sociale : une controverse politique et théorique - Mateo ALALUF*
– « Faire société » question sociale et urbaine - Thierry OBLET*
– Exclusions & inclusions : actions sociales et modélisations - Michel MERCIER, Michel GRAWEZ*
– Rapport européen 2007 sur la protection sociale & l’inclusion sociale
– Etude thématique sur les mesures politiques en faveur de la jeunesse défavorisée
– Etude thématique sur la pauvreté et l’exclusion sociale des familles monoparentales
– Rapport stratégique de la Belgique pour la protection sociale et l’inclusion 2006-2008
* Ces articles sont des interventions au colloque « Inclusion sociale ; Enjeux et limites » qui a été organisé à Charleroi les 3, 4 & 5 juillet 2006 par le CEDORES - Province de Hainaut et l’Institut des Sciences du travail de l’Ulb dans le cadre du CEFUTS (Certificat Européen de Formation Universitaire en Travail Social), avec la collaboration de l’IEIAS (Institut Européen Interuniversitaire des Affaires Sociales) membre du Cefuts et de l’IHT (International Hainaut Tourisme)
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Des animaux pour rester des hommes. La médiation animale en milieu carcéral
retour au sommaire du n°85 "L’animal dans les champs du Social" Auteur(s) : Patricia ARNOUX Intervenante en Médiation Animale, Membre fondatrice de l’association Evi’dence Co-auteure du livre "Des animaux pour rester des Hommes" avec Sabine Zinck Résumé : L’association Evi’dence (…)