n° 86 - 2015
Radicalisme violent. Comprendre, prévenir au-delà de l’urgence
Pourquoi des jeunes de chez nous partent-ils faire la guerre en Syrie ou se font-ils exploser, ici, dans des attentats suicides ? Face au phénomène du radicalisme violent coexistent la tentation de ne rien faire, voire du déni, ou celle de croire que le sécuritaire suffira. Pour notre part, nous avons choisi de tenter de mieux comprendre, pour désamorcer, prévenir et, au-delà de l’urgence, construire une société plus inclusive. Ce numéro a été conçu pour aider les travailleurs sociaux, et tous ceux qui se sentent concernés, à déjouer les pièges des amalgames et à réinvestir dans des actions préventives.
Le numéro 86 Radicalisme violent. Comprendre, prévenir au-delà de l’urgence n’est plus disponible
Éditorial
Longtemps, nous avons hésité à consacrer un numéro de l’Observatoire à la question du radicalisme violent. N’allions-nous pas encore alimenter la surmédiatisation d’un phénomène qui ne concerne, directement, qu’une petite minorité de jeunes ? N’allions-nous pas risquer d’encore attirer les regards inquiets sur une population musulmane déjà fortement stigmatisée ?
Nous avons néanmoins fini par franchir le pas. Parce que, à diverses occasions, nous avons pu constater que les travailleurs sociaux se posent de nombreuses questions sur ce sujet complexe et sensible, tout en évitant de trop « s’en mêler » car craignant la maladresse, l’erreur d’interprétation, l’amalgame… Parce que, aussi, la prévention du radicalisme, à condition qu’elle soit clairement dissociée de la répression et du contrôle - ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas -, implique d’en revenir à certains fondamentaux du travail social.
Nous avons construit ce dossier en nous appuyant sur les rencontres co-organisées par le Centre Régional d’Intégration de Charleroi (CRIC) et le Centre Régional de Verviers pour l’Intégration (CRVI), en collaboration avec la Direction Générale Opérationnelle de l’Action sociale de la la Région wallonne (DGO5), « Prévention du radicalisme violent. Osons en parler », programmées en octobre et novembre 2015.
Celles-ci nous ont servi de point de départ - vous retrouverez plusieurs orateurs conviés à ces journées dans nos contributeurs - mais nous avons aussi étoffé ce dossier, que nous avons conçu en deux parties, en nous appuyant notamment sur les avis pertinents de Thierry Tournoy, Directeur du CRIC et de Daniel Martin, Directeur du CRVI.
La première partie pose cette terrible question : pourquoi des jeunes de chez nous se laissent-ils séduire par les discours de Daesh et partent-ils faire la guerre en Syrie ou se font-ils exploser dans des attentats suicides ici, en Europe ? Pour y répondre, nous avons sollicité une palette de contributeurs qui, par leur expertise, décortiquent ce qui se joue derrière cet embrigadement criminel des jeunes dans le radicalisme violent.
La seconde propose des pistes et des réflexions sur ce qu’il y a lieu de mener, d’inventer, de soutenir comme actions pour prévenir cette radicalisation. Si les travailleurs sociaux ne peuvent certes agir sur la variable géopolitique ni révolutionner notre contexte sociétal actuel, ils peuvent jouer un rôle important dans divers domaines : aider le jeune à se construire comme sujet et comme acteur de son devenir ; reconstruire le lien décousu entre celui-ci et la société, sa famille, l’école… ; consolider son esprit critique et sa résistance morale face aux tentatives d’endoctrinement ; promouvoir l’interculturalité et le vivre-ensemble ; lutter contre les inégalités et les discriminations ; … Et, au-delà de l’urgence, participer par leurs convictions et leurs idéaux à une société davantage inclusive et porteuse de signes positifs, d’émancipation, d’espoir.
Sommaire
COMPRENDRE
– Radicalisation violente. Analyse et balises pour le travailleur social - Younous LAMGHARI
– Radicalisation, entre contexte et responsabilité individuelle - Rik COOLSAET
– Au-delà de l’islamisme radical. Comprendre la diversité de l’islam - Corinne TORREKENS
– Médias sociaux : facteurs ou outils de radicalisation ? - Julianne LAFFINEUR
– Les deux dimensions sous-jacentes de la radicalisation. Regard d’un philosophe - Edouard DELRUELLE
PRÉVENIR
– Une prévention efficace nécessite une remise en question sans concession - Daniel MARTIN
– De la propagande terroriste à la déradicalisation : médias et discours de haine - Yves COLLARD
– Améliorer le vivre ensemble à partir des malaises et des tensions réciproques - Brigitte MARÉCHAL
– Impacts et enjeux du radicalisme pour les acteurs de l’intégration - Thierry TOURNOY
– La Wallonie face au radicalisme - Philippe BROGNIET
– Les réponses au radicalisme. Le rôle d’Unia - Nathalie DENIES et Michel VANDERKAM
- 4 numéros qui se suivent
- Prix préférentiel au numéro
- Frais d’envoi gratuits !
- n°120 | Faire place à l’usager
- n°119 | L’intégration, l’affaire de tous
- n°118 | L’indispensable collectif
- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
EN LIEN AVEC CE NUMÉRO
titre
AS en service de santé mentale. De l'écoute à l'action, un rôle pluriel dans le respect de la temporalité des personnes
retour au sommaire du n°96 "Quel travail social dans les secteurs de la santé" Auteur(s) : Interview par R. Lecomte de Chloé DELMOTTE Assistante sociale Service social de Santé Mentale La Pioche Premières lignes : Depuis quarante ans, La Pioche, service de santé mentale (SSM) (…)