n° 105 - 2020
Le social sous la pression du Covid /1
Si la crise sanitaire n’épargne personne, elle frappe tout particulièrement les publics qui étaient déjà fragilisés, tant aux niveaux socio-économique que psychologique et relationnel. Les institutions, les services qui les accueillent ou les accompagnent ont, eux aussi, été profondément chamboulés, forcés de s’adapter, de se réorganiser et, parfois, de se réinventer…
Éditorial
Cette crise sanitaire, dans laquelle nous sommes embourbés depuis maintenant près d’un an, touche toutes les sphères de la société, s’instille dans toutes les strates des fonctionnements institutionnels et familiaux.
Elle met en lumière et amplifie les fragilités préexistantes. Les publics les plus vulnérables, malgré la résilience dont certains ont su faire preuve, sont ainsi particulièrement impactés, voyant s’accroître leurs difficultés, qu’elles soient d’ordre socio-économique, psychologique ou relationnel.
Mais cette crise secoue également les services et les travailleurs psycho-médico-sociaux qui les accompagnent, tant dans leur organisation interne que dans leurs manières d’entrer en relation avec ces publics.
La qualité de l’accompagnement en a souvent pâti : moins de temps passé auprès des personnes (manque d’effectifs, priorité accordée au respect des règles sanitaires, etc.), modes d’interaction plus distanciés – gestes barrière obligent – ou médiatisés par des écrans qui ne favorisent guère le lien de confiance, le décodage des besoins et des difficultés par-delà la demande explicite, le soutien éducatif, …
Cette crise n’a cependant pas eu que des effets négatifs. Elle a obligé des institutions, des équipes à se réinventer, à faire preuve de créativité pour continuer à répondre malgré tout aux besoins de leurs bénéficiaires. En imaginant de nouvelles manières de faire et de nouveaux outils, en renforçant ou en initiant des collaborations, en remettant en question certaines routines…
A un niveau plus macro et politique, elle a remis sur le devant de la scène des inégalités et des dysfonctionnements qui traversent notre société, tout en rappelant le rôle essentiel joué par les travailleurs sociaux, sans qui les fracas de la crise sur les plus fragiles auraient été bien plus violents encore.
L’un des grands enjeux post-Covid sera à cet égard de se souvenir et de tirer parti des enseignements de cette crise. Nous espérons que ce numéro, en offrant une photographie, une trace de cette période inédite, y contribuera. De même que le prochain numéro (n°106) puisque, face à l’ampleur de cette crise, qui percute tous les secteurs, il nous a semblé indispensable de mettre les bouchées doubles.
Colette LECLERCQ & Romain LECOMTE
Sommaire
– Confinement, isolement, pauvreté - Serge FERDIN (interview)
– Task force Groupes vulnérables - SPP Intégration sociale
– Pandémie, crise sanitaire, maltraitance infanto-juvénile - Emmanuel de BECKER, Maya DRACHMAN
HORS DOSSIER (rubrique COUP D’OEIL) :
– La santé financière des associations à l’épreuve du Covid-19. Baromètre de la FRB - C.L. Article en libre accès !!
ILLUSTRATION DE LA COUVERTURE :
– Noémie LABROSSE Plus d’infos sur l’artiste
Bonus
Lors du premier confinement, en mars et avril 2020, sortant de son canevas habituel, l’Observatoire réalisait une série d’interviews d’acteurs de terrain qui tentaient de répondre aux besoins de leurs publics dans les limites des possibilités définies par les mesures de confinement.
Disponibles sur notre page Facebook, nous les rassemblons également en complément de ce n° 105. Bien que, à la différence de ce dernier (paru début 2021), ces interviews ont été réalisées au tout début de la crise sanitaire et ne bénéficiaient dès lors pas de recul sur les événements, elles n’en offrent pas moins une trace, une photographie précieuse des inquiétudes et difficultés auxquelles étaient à ce moment confrontés les services, les travailleurs psycho-médico-sociaux, et des réponses que ceux-ci ont dû bricoler dans l’urgence, avec souvent des moyens très limités... et une bonne dose de créativité.
Interviews par l’équipe de Observatoire :
– 9. (Covid-19 et travail social) Interview de Viriginie Marchal, coordinatrice d’un service de logements supervisés à l’Institut de Schaltin (accueil et hébergement de jeunes et d’adultes porteurs d’un handicap)
– 8. (Covid-19 et travail social) Interview de Stefania Marsella, chargée de projets à la Fédération des maisons médicales, coordinatrice du groupe des travailleurs sociaux et assistante sociale à la maison médicale Calendula (en Région Bruxelloise)
– 7. Interview de Natacha Delmotte, directrice générale de l’asbl Trempoline (accompagnement, en ambulatoire et en résidentiel, de personnes dépendantes)
– 6. Interview de Régis Simon, directeur du CRIPEL (Centre Régional pour l’Intégration des Personnes Etrangères ou d’origine étrangère de Liège)
– 5. Interview de Christophe BARTHOLOMÉ, directeur pédagogique de la Cité de l’Espoir (services résidentiels pour personnes handicapées, jeunes et adultes, à Andrimont)
– 4. Interview de Jean-Louis SIMOENS, responsable des partenariats en violence conjugale et intra-familiale au CVFE (Collectif contre les Violences Familiales et l’Exclusion) et coordinateur de la ligne d’Ecoute Violences conjugales :
– 3. Interview de Ricardo CHERENTI, directeur général du CPAS d’Ecaussines :
– 2. Interview de Dimitri MISSOTTEN, infirmier à la Maison Familiale (maison d’accueil, Grâce-Hollogne) :
– 1. Interview de Louise REMICHE, coordinatrice de l’ARCA (Association Régionale des Centres d’Accueil) :
- 4 numéros qui se suivent
- Prix préférentiel au numéro
- Frais d’envoi gratuits !
- n°120 | Faire place à l’usager
- n°119 | L’intégration, l’affaire de tous
- n°118 | L’indispensable collectif
- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
EN LIEN AVEC CE NUMÉRO
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TO PIIS or NOT TO PIIS Les paradoxes de l'injonction à l'autonomie
retour au sommaire du n°88 "L’autonomie en tension" Auteur(s) : Abraham FRANSSEN Sociologue, Université Saint-Louis, Bruxelles Résumé : S’inscrivant dans le référentiel de l’Etat social actif, le « Projet Individuel d’Intégration social » (PIIS), désormais obligatoire pour tous les (…)