n°73
Service d’urgences & crise suicidaire. Quelle prévention du suicide par le souci de l’autre
retour au n°73 "Quelle prévention du suicide ?"
Auteur(s) :
M. WALTER, PU-PH Chef de service, service hospitalo-universitaire de psychiatrie adulte, Hôpital de Bohars, CHRU Brest
M. LE GALUDEC Praticien Hospitalier Contractuel, service hospitalo-universitaire de psychiatrie adulte, Hôpital de Bohars, CHRU Brest
S. BERROUIGUET Chef de Clinique Assistant, service hospitalo-universitaire de psychiatrie adulte, Unité d’Accueil et d’Urgences Psychiatriques, CHRU Brest
Résumé :
La majorité des gestes suicidaires identifiés et nécessitant une prise en charge convergent vers les services d’urgences pour évaluation mais de nombreux gestes ne donnent pas encore lieu à une orientation hospitalière et ne sont parfois même pas déclarés aux proches. Ceci peut expliquer en partie la fréquence des récidives. Dans cet article, sera décrite la conduite à tenir aux urgences devant un suicidant : en commençant pour l’élimination du risque vital, l’évaluation psychiatrique, ensuite, qui visera à l’établissement d’un lien de confiance, l’évaluation du potentiel de récidive et la décision d’orientation, dont l’hospitalisation à privilégier dans certaines situations. Seront également évoqués quelques programmes de postvention qui, à la sortie des urgences, proposent par le biais de différents moyens, de maintenir ou de créer un lien avec les suicidants rencontrés aux urgences dans une posture que l’on peut qualifier d’éthique de l’inquiétude ou de souci de l’autre.
Mots-clés :
Urgences, devenir des suicidants, récidives suicidaires, propositions de soins, hospitalisations psychiatriques, souci de l’autre
Extrait
Données actuelles sur le devenir des suicidants aux urgences
L’enquête réalisée par la DRESS en 2006 met en évidence que 162 000 tentatives de suicide sont admises annuellement (soit 83% des tentatives prises en charge) dans les services d’urgences français.
En situation d’urgence, la conduite à tenir relève plus de la prévention secondaire et de la prévention tertiaire que de la prévention primaire. La prévention primaire concerne en effet des sujets ne présentant pas actuellement de risque suicidaire mais des facteurs de risque (pertes relationnelles, familiales, affectives, crises psychiques…). Ces situations nécessitent plus une intervention psychosociale précoce qu’une hospitalisation immédiate. La prévention secondaire vise à stopper le processus suicidaire engagé dans sa phase active (suicidaires) et la prévention tertiaire s’attache à éviter la récidive suicidaire chez des sujets qui sont passés à l’acte (suicidants).
Une démarche clinique et diagnostique rigoureuse doit permettre d’identifier au mieux le geste, d’en cerner le diagnostic contextuel (sous forme de facteurs de risque) et le potentiel de récidive suicidaire (les facteurs d’urgence et de danger), afin de rendre possible l’action thérapeutique et donc la prévention d’un nouveau passage à l’acte. L’hospitalisation en psychiatrie fait partie de ces mesures préventives.
Toutefois, à la suite d’un geste suicidaire, la sortie du patient sans admission en hospitalisation est prononcée une fois sur quatre. L’orientation du suicidant en service de psychiatrie est réalisée une fois sur quatre également, et la personne est hospitalisée en service de soins somatiques une fois sur deux. A l’issue de cette dernière orientation, le suicidant peut être orienté vers les services de psychiatrie qui reçoivent donc près de 40% des suicidants qui transitent par les services d’urgences, et près de 33% des suicidants pris en charge annuellement par les services de soins.
La majorité des gestes suicidaires identifiés et nécessitant une prise en charge convergent vers les services d’urgences pour évaluation mais de nombreux gestes, notamment chez les sujets jeunes, ne donnent pas encore lieu à une orientation hospitalière et ne sont parfois même pas déclarés aux proches. Ceci peut expliquer en partie la fréquence des répétitions des gestes qui représentent environ un suicidant sur deux aux urgences. Malgré la généralisation de la présence d’équipes psychiatriques aux urgences, 10 à 20% des suicidants ne sont pas hospitalisés, même brièvement au décours de leur geste, et le relais de soins ne peut donc être mis en place de façon adaptée. (...)
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