n°68
Quand l’enfant à naître semble poser un problème
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Auteur(s) :
SCHAAPS Jean-Pierre
Professeur Honoraire, Université de Liège - Groupement des Gynécologues Obstétriciens de Langue Française de Belgique – GGOLFB
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Extrait :
La grossesse est un parcours à risque. Un chiffre doit être retenu : 3,5% des nouveaux-nés seront porteurs d’une malformation. Certaines, mineures, susceptibles d’être corrigées (pied bot, reflux urinaire entraînant une dilatation rénale, fente labiale,…) ; d’autres nécessiteront une chirurgie plus lourde avec un pronostic variable et forcément imprécis (malformations cardiaques, digestives,…) ; d’autres ne pourront être corrigées mais peuvent n’entraîner aucun handicap ou un handicap de gravité non prévisible (agénésie du corps calleux,1…) ; d’autres encore provoqueront un handicap définitif (absence partielle ou totale d’un membre, trisomie 21,…) ; enfin, certaines entraîneront inéluctablement la mort à une échéance variable. Toutes les futures mères portent en elles cette angoisse, heureusement contrebalancée par la certitude de construire un enfant parfait.
L’arrivée - récente dans l’histoire de l’humanité - de l’échographie et des possibilités biologiques du diagnostic prénatal a bouleversé le vécu de la grossesse. On peut voir le fœtus in utero, le mesurer, estimer l’âge de la grossesse et détecter des anomalies de développement de l’enfant à naître.
La société, au cours de ces quarante dernières années, a, elle aussi, évolué : elle est devenue beaucoup plus compétitive et moins compliante vis-à-vis de ses membres « non conformes » ; la structure familiale s’est réduite dans la majorité des cas aux parents et, dans une proportion croissante, à un seul parent qui doit supporter les charges de l’éducation et tenter de favoriser le développement harmonieux de l’enfant qui commence sa vie. Sans l’encadrement de l’ancienne structure familiale élargie, il faut faire face à des contingences économiques de plus en plus lourdes qui enferment les futurs parents. Le fœtus a donc tout intérêt à être dans les normes sous peine de se voir rejeté et de déstabiliser la petite structure familiale qui devra supporter les conséquences de ce handicap.
Actuellement, l’enfant parfait, désir profond et normal, est aussi devenu une exigence.
Le rôle des médecins n’est donc plus celui d’aider la future mère à mener une grossesse à bien. Il devra baliser les pathologies éventuelles et favoriser la naissance dans les meilleures conditions d’un enfant en bonne santé dont la maman sera physiquement prête à remplir son nouveau rôle. Celui des médecins est devenu le garant de la normalité de l’enfant à naître, c’est donc lui qui aura à détecter l’enfant imparfait. S’il ne le fait pas, il aura manqué à son devoir, aura fait une faute et il devra donc l’assumer. D’une façon ou d’une autre, il devra supporter les conséquences d’un « vice de construction » dont il n’est nullement responsable.
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Un enfant sur quatre souffre de déprivation matérielle en Wallonie
retour au sommaire du n°84 "Besoins primaires dans un contexte d’opulence" Auteur(s) : Anne-Catherine GUIO Chercheuse au LISER (anciennement CEPS/INSTEAD), Luxembourg Premières lignes : En Belgique, la pauvreté concerne un grand nombre d’enfants, bien que dans une proportion différente (…)