n°76
La résidence alternée vue par les parents
retour au sommaire du n°76 "Quand les familles se recomposent"
Auteur(s) :
Sylvie CADOLLE Maître de Conférences à Paris-Sorbonne, Sociologue au CERLIS (Paris-Descartes)
Résumé :
La résidence alternée est encore peu pratiquée en France, même si la loi du 4 mars 2002 la promeut comme expression privilégiée de la coparentalité. Une majorité de parents la décident à l’amiable mais en cas de désaccord, ce sont les pères qui la demandent et les mères qui s’y opposent. Une enquête a interrogé des parents séparés quant à leurs sentiments de satisfaction après plusieurs années de pratique de la résidence alternée. Les parents satisfaits comprennent presque tous les pères. En revanche, les mères ne le sont que quand elles font confiance au père pour ses compétences et sa disponibilité d’éducateur et que le couple, avant la séparation, fonctionnait déjà de façon égalitaire. Mais quand le père était pourvoyeur principal et la mère d’abord éducatrice, elles pensent que la résidence alternée bouleverse les arrangements antérieurs, souvent à leur détriment et à celui des enfants.
Mots-clés :
Résidence alternée, hébergement égalitaire, séparation, divorce, coparentalité
Extrait
(...) La résidence alternée est contestée au nom de l’intérêt de l’enfant par des pédopsychiatres (surtout en ce qui concerne les jeunes enfants). Surtout, elle est finalement assez peu pratiquée, même s’il est difficile d’évaluer le nombre d’enfants qu’elle concerne actuellement, certains parents y mettant fin sans demander une nouvelle ordonnance du juge, tandis que d’autres la pratiquent d’un commun accord sans passer par la justice. [...] D’autre part, l’on sait que peu de pères la demandent encore, la mère s’occupant en général des enfants plus de temps que le père* et assurant l’essentiel de leur gestion mentale pendant l’union du couple.
Et l’alternance est souvent abandonnée lorsque les contraintes de proximité géographique qui lui sont inhérentes deviennent insupportables, ce qui est souvent le cas lors d’une recomposition par l’un ou l’autre des parents ou bien lorsque l’enfant, devenu adolescent, exprime sa préférence pour le fait de résider plutôt avec l’un ou l’autre. La résidence en alternance « implique un équilibre délicat, difficile à maintenir au long des années**. »
Enfin, il semblerait que les mères y soient réticentes et continuent à demander majoritairement la résidence habituelle de leurs enfants, tandis que les pères demandent la résidence alternée quand ils n’acceptent pas de céder la résidence habituelle à la mère. (...)
* Brugeilles C., Sebille P., “Partage des activités parentales, les inégalités perdurent”, Politiques sociales et familiales, n°103, mars 2011, pp. 17-32. ** Bruno F., Kertudo P., Malsan S., « La résidence alternée. Organisation des familles et partage des allocations familiales », CNA F, L’Essentiel, oct. 2008, n°78.
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