Votre panier est vide

n°69

Editorial n°69

Premier constat. Quelle que soit la thématique abordée par l’Observatoire dans ses dossiers, la question du temps se trouve posée. Il faut limiter le nombre de nuits en maison d’accueil pour éviter que les personnes ne s’ installent dans une situation d’entre deux. Ne faudrait-il pas envisager plus tôt la solution de la famille d’accueil pour ces enfants dont les parents originels semblent se désintéresser complètement ? La charge de travail est telle que nous ne savons plus consacrer autant de temps que nous le souhaiterions au relationnel. Le vieillissement de la population implique qu’il y aura à l’avenir de plus en plus de personnes âgées dépendantes. Les détenus vivent au rythme de l’administration pénitentiaire qui décide pour eux de l’heure du lever, du repas, de la gym, de la douche, des relations intimes... Plus les personnes sont éloignées de l’emploi, plus leur parcours de réinsertion risque d’être long. A force de tout faire dans l’urgence, nous prenons des risques.

Second constat. Très présente, très prégnante tant en chambre dans les réflexions autour d’un décret, par exemple, que sur le terrain dans les réunions d’équipe, la question du temps est pourtant rarement étudiée et même conscientisée.

D’où l’idée de ce dossier sur le temps ou plutôt les temps et les temporalités qui sont à l’oeuvre dans le secteur de l’action sociale. Le pluriel est en effet de mise dès lors qu’il n’est plus simplement question d’horloge mais de manières d’envisager cet espace au sein duquel nous nous mouvons et organisons nos actions et interactions avec les autres et le monde qui nous entoure. Les temporalités sont humaines, culturelles, elles évoluent avec la société dans laquelle nous vivons et suivant les rapports passé - présent -futur qu’elle aménage ou privilégie. Elles sont aussi éminemment subjectives car elles varient suivant la place que l’on occupe dans cette société, selon que l’on est de son temps ou que l’on a passé l’âge, que l’on a trop peu de temps ou que l’on trouve le temps long, etc. Les temporalités sont multiples mais aussi multidimensionnelles : entre l’urgence avec laquelle l’usager attend parfois réponse à sa demande, le long terme sur lequel l’intervenant social veut agir, l’événementiel dont s’empare le politique pour faire entendre sa voix, le transitionnel dans lequel s’engage le jeune en formation, il y a toute une palette de possibles.

Ce dossier est une invitation à arrêter le temps, le temps de réfléchir au temps qui passe et à la manière dont il façonne nos modes d’action, nos références, nos relations aux autres. Si nous comprenons mieux les différentes temporalités qui peuvent entrer en jeu et parfois en conflit dans notre vie et dans celle de ceux que nous croisons, assurément, du temps, nous en gagnerons !

Abonnez-vous !
  • 4 numéros qui se suivent
  • Prix préférentiel au numéro
  • Frais d’envoi gratuits !
Articles

« Maman, je suis parti aider le peuple syrien ». Quand des mères mettent leur vécu au service de la lutte contre l'embrigadement jihadiste

retour au sommaire du n°86 "Radicalisme violent. Comprendre, prévenir au-delà de l’urgence" Auteur(s) : Interview par Romain Lecomte de Saliha BEN ALI, Responsable de l’ASBL S.A.V.E. Belgium Dominique BONS, Présidente de l’association « Syrien ne bouge...Agissons » (France) (…)

Moyens de paiement