n°68
Conséquences sociales (de l’annonce) du handicap
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Auteur(s) :
MOMBEEK Françoise
Assistante sociale, directrice de RéCI-Bruxelles, administratrice de la Plateforme Annonce Handicap (PAH)
Extrait :
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Dans le cadre de notre travail d’accompagnement, de soutien aux familles, il est assez rare que les parents soient d’emblée impliqués autant l’un que l’autre. Pourtant, une implication de la mère et du père peut nous apporter une meilleure compréhension de la dynamique familiale et nous aider à appuyer l’accompagnement sur les attentes et la projection dans l’avenir des deux parents. Collaborer avec un seul membre du couple comporte le risque de contribuer à la mise à l’écart de l’autre conjoint.
Il n’est pourtant pas toujours facile d’obtenir la collaboration régulière des pères. Les contingences pratiques (par exemple son travail) ne sont pas les seules en cause. Dans notre société, les questions liées à la santé, aux soins et à l’éducation des enfants ont tendance à revenir implicitement aux mères. Lorsque l’enfant présente un handicap, les soins sont souvent plus importants et s’étendent sur une plus longue période. La mère risque donc de devenir encore plus la « spécialiste » de cet enfant au sein du couple. Intériorisant cette répartition des rôles, les femmes croient souvent que leur mari ne voudra pas ou ne pourra pas participer aux entretiens ou aux autres démarches liées à leur enfant handicapé. Par ailleurs, sur le plan psychologique, les mères ont besoin de s’investir pleinement dans la relation avec leur enfant, laissant ainsi peu de places aux pères. Et les professionnels, qui baignent dans la même culture, peuvent trouver assez normal de ne voir que les mères et contribuer, s’ils n’y prennent garde, à cette mise à l’écart du père. Or, la confrontation aux réalités quotidiennes et les rencontres (même si elles ne sont pas toujours bienfaisantes) avec les différents professionnels aident les parents à tisser des liens avec leur enfant, à « adopter » cet enfant étrange(r), source d’un profond bouleversement émotionnel. Dès lors, si les pères sont peu présents, l’attachement à leur enfant risque de s’en trouver perturbé.
« Le chemin de la rencontre, de la reconnaissance et de l’attachement mutuels entre parents et enfant handicapé est long, aléatoire, fait d’aller et retour. (…) Si chaque membre du couple trace ce chemin et y avance à son rythme et à sa manière, il s’agit, dès le départ, de poser les bases d’une co-parentalité, en faisant place à la mère et au père dans les spécificités de ce qu’ils vivent. Ceci parce que l’oubli, l’abandon dans lequel est laissé ou se sent laissé le père peut avoir des conséquences dramatiques. En particulier, il peut conduire à l’instauration d’une relation fusionnelle mère-enfant dommageable pour tous. Pour éviter cela, il s’agit de favoriser une évolution de la triade primitive vers une relation à trois, au sein de laquelle chacun existe comme sujet avec une fonction différente pour le père, la mère et l’enfant ».
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"Des femmes sans voix à une vie de choix" : un projet pour susciter, restaurer les capacités d'agir et de penser par et pour elles-mêmes
retour au sommaire du n°95 "Femmes et violences de l’exil" Acheter le pdf Auteur(s) : Interview par R. Lecomte de Evelyne DOGNIEZ, directrice Barbara RONDIAT, référente thématique du projet « Des femmes sans voix à une vie de choix » Centre d’accueil Pierre Bleue (Yvoir) (…)