n° 82 - 2014
Ils évaluent, nous évaluons, vous évaluez...
Depuis quelques années, l’évaluation tend à se déployer dans les services psycho-médico-sociaux, sous l’impulsion de l’évolution du contexte politique et économique, mais aussi de la professionnalisation des services et de la réflexivité accrue des acteurs. Elle reste cependant variable dans ses méthodes comme dans les représentations. Vécue comme un contrôle, une intrusion ou perçue comme une opportunité face aux changements... elle pose en tout cas clairement question.
Éditorial
Depuis quelques années, les pratiques d’évaluation occupent une place grandissante dans les services psycho-médico-sociaux, sous l’impulsion de l’évolution du contexte politique et économique, mais aussi de la professionnalisation des services et de la réflexivité accrue des acteurs.
Tous les acteurs concernés reconnaissent la nécessité d’une évaluation des services, afin de mieux répondre aux besoins des usagers, d’aider les pouvoirs publics à réajuster leurs politiques, de mettre en lumière et de faire (re)connaître l’utilité des actions accomplies.
Cependant, nombre de services, fédérations et autres représentants sectoriels, organismes spécialisés dans l’accompagnement d’équipes ou encore chercheurs en sciences sociales, prônent un dépassement des formes classiques d’évaluation. Celles-ci, inscrites dans le paradigme de la Nouvelle Gestion Publique, marquées par l’idéologie managériale et la rationalité technique, tendent à éluder la complexité du travail social et des situations rencontrées au profit de quelques indicateurs quantitatifs, standardisés et focalisés sur les résultats les plus visibles et immédiats des interventions.
Ces critiques en appellent à des méthodes d’évaluation plus qualitatives, plus participatives et plus attentives au caractère multidimensionnel des actions accomplies et de leurs impacts. Des méthodes plus à même également de stimuler la réflexion des professionnels sur leurs pratiques, et de donner du sens – dans les deux sens du terme – à ce qu’ils font.
Reconnaissons toutefois que ces constats commencent à être intégrés par les instances politiques et administratives. Celles-ci, comme plusieurs des contributions et interviews de ce dossier en témoignent, explorent ainsi aujourd’hui de nouvelles pistes, cherchent à réorienter, en dialogue avec les acteurs de terrain, leur modèle évaluatif.
Mais, au-delà de ces points de convergence, les représentations, définitions et approches de l’évaluation sont loin d’être unanimes, et ce dossier est révélateur de cette hétérogénéité. Il rappelle également que, quelles que soient les voies qu’elle emprunte, l’évaluation exige des moyens, humains, temporels et parfois financiers, dont les services psycho-médico-sociaux manquent.
A noter enfin que ce dossier s’est inspiré d’une conférence-débat co-organisée en décembre 2013 par le Mias Louvain-la-Neuve/Namur et l’Unipso, intitulée : « L’évaluation des services en question : comment en améliorer la pertinence ? » Vous retrouverez parmi les contributeurs de ce dossier certains orateurs de cette matinée. Vous aurez aussi l’occasion d’en retrouver certains sur le site du CBCS, le Conseil bruxellois de coordination sociopolitique. N’hésitez pas à compléter votre exploration en vous rendant sur ce dernier.
Sommaire
– Evaluation des entreprises à profit social : impacts et enjeux - Dominique VAN DE SYPE
– Quelle philosophie d’action des responsables d’institution lors des évaluations ? - Viviane SKA
– L’évaluation de programmes dans le domaine des services sociaux : quelques repères - Daniel TURCOTTE
– Développer la qualité des pratiques : l’expérience des maisons médicales - Marianne PRÉVOST
– Evaluer : du sens pour la Direction ! - Philippe DUMOULIN (interview)
HORS DOSSIER (rubrique COUP D’OEIL) :
– Pauvreté et ineffectivité des droits. Non-accès et non recours aux droits - Françoise DE BOE et Henk VAN HOOTEGEN
– Le parcours d’accueil des primo-arrivants en Wallonie. Mise en oeuvre par le CRIPEL et émergence de premiers questionnements - Valérie MAUGUIT et lauranne LIEGEOIS
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- n°120 | Faire place à l’usager
- n°119 | L’intégration, l’affaire de tous
- n°118 | L’indispensable collectif
- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
EN LIEN AVEC CE NUMÉRO
titre
Un enfant sur quatre souffre de déprivation matérielle en Wallonie
retour au sommaire du n°84 "Besoins primaires dans un contexte d’opulence" Auteur(s) : Anne-Catherine GUIO Chercheuse au LISER (anciennement CEPS/INSTEAD), Luxembourg Premières lignes : En Belgique, la pauvreté concerne un grand nombre d’enfants, bien que dans une proportion différente (…)