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n°73

Pourquoi la prévention ?

retour au n°73 "Quelle prévention du suicide ?"


Auteur(s) :

Philippe SNOECK Chef de Division, Département des Affaires sociales de la Province de Liège


Résumé :

Alors que paradoxalement l’espérance de vie n’a jamais été aussi grande, l’importance de la surmortalité liée au suicide rend plus que jamais prioritaire le développement de stratégies nationales de prévention. Cet acte annoncé n’est jamais une solution et peut être prévenu en surmontant, entre autres, les difficultés liées au tabou qu’il constitue encore de nos jours. La conscientisation et l’information de la population et des médias mais aussi l’existence d’un réseau qui facilite l’accès à l’écoute et aux soins sont essentiels Au-delà des suicidants et des suicidés, les proches endeuillés sont affectés en première ligne par le suicide et les professionnels ne sont pas à l’abri. Le coût émotionnel et financier considérable du suicide justifie toute une série d’actions préventives des pouvoirs publics mais surtout nous implique tous, professionnels mais aussi acteurs issus de la société civile dans une dimension citoyenne et solidaire. Il est plus que temps de modifier le regard porté sur la santé mentale à l’heure de la réforme des soins de santé mentale en Belgique. L’amélioration du bien-être des personnes en détresse est à ce prix.


Mots-clés :

Coût, détresse, prévention, suicide, tabou


Extrait

(...) La prévention du suicide est l’affaire de tous

La prévention n’est pas chose aisée. Des études récentes montrent que la prévention du suicide est possible mais couvre un large domaine qui va des meilleures circonstances possibles pour faire grandir nos enfants et jeunes gens en passant par le traitement effectif des affections psychiques jusqu’à la maîtrise des facteurs de risque dans l’environnement.

La véritable prévention se fait bien en amont du geste suicidaire. Une bonne diffusion de l’information et la conscientisation des préjugés et du tabou qui entourent le suicide, la sensibilisation à la détresse de l’autre , la prise de distance par rapport aux diktats qui veulent que l’on soit fort, gagnants, apte à contenir ses émotions, à faire face à ses difficultés sont des éléments essentiels.

Jean-Louis Terra, chef de service de psychiatrie de secteur au centre hospitalier Le Vinatier à Lyon, l’affirme : « Il faut aider chacun à nommer ses souffrances fondamentales : peurs de la solitude, d’être sans valeur, peur d’un rejet imminent, d’un abandon, de l’échec, Impuissance face aux événements, peur face à ses propres pensées, hallucinations, impulsions, peur de l’inconnu ». Pour lui « être fort, c’est accepter l’idée que l’on peut demander de l’aide. »

La prévention du suicide peut être traduite au travers de toute une série d’actions d’information, de sensibilisation (publications, documents pédagogiques, conférences , débats), de formation, d’orientation, de soutien, de recherche scientifique (statistiques, indicateurs d’évaluation des actions de prévention), de postvention ou de prise en charge et ce à la fois en direction de toute la population mais aussi plus particulièrement en ciblant les catégories à risques et fragilisées telles que : les jeunes, les vieux, les homosexuels et transsexuels, les détenus, les agriculteurs, les travailleurs et les chômeurs (l’isolement, l’échec, la dépression étant autant de facteurs de risques pour ceux-ci).

La prévention du suicide est du ressort de l’action publique ; chaque niveau de pouvoir doit se sentir concerné et initier des actions visant à promouvoir le développement d’actions préventives.

Si, par ailleurs, elle est d’abord l’affaire des professionnels du social et de la santé, ils n’en ont pas l’exclusivité loin s’en faut que l’on songe aux proches, à la famille, aux voisins, aux enseignants, aux collègues, aux chefs de service, aux patrons de PME, aux médias… A vrai dire, éviter le suicide est de la responsabilité de chacun. Pour éveiller, susciter chez chacun d’entre nous le souci de l’autre, il importe de lutter contre la banalisation du problème et plus généralement, les tabous liés à la santé mentale. La réduction de l’accès aux moyens létaux est quant à elle une des interventions générales les plus efficaces. (...)

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